Help, mon ado fume !
Un ado sur dix a déjà fumé des cigarettes, c’est une réalité qui frappe. Comment les parents réagissent-ils en se rendant compte que leur enfant fume et quels sont les conseils qui peuvent les aider à gérer la situation ? Nicovip analyse le dernier rapport de l’OFDT sur le sujet.
Selon l’OFDT, un ado sur dix fume ou a déjà fumé
L'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a dévoilé le mois dernier un dossier intitulé “Le contrôle parental des usages de tabac et de cannabis“ avec les résultats de sa seconde enquête Aramis. On y découvre que 8 jeunes sur 10 âgés de 17 ans ont expérimenté l’alcool, 1 sur 2 a fumé du tabac et 1 sur 3 a fumé du cannabis. C’est une réalité dont les chiffres choquent : de nombreux adolescents consomment des produits qui leur sont interdits, notamment du tabac chez la moitié d’entre eux.
Pour comprendre comment cette situation en est arrivé là et comment les parents s’y prennent pour lutter contre les consommations problématiques de leurs enfants, l’OFDT a interrogé de nombreux parents de mineurs afin d’en tirer des conclusions. Parmi les parents concernés, on trouve aussi bien des parents qui sont eux-mêmes usagers des substances consommées par leurs enfants, comme le fait de fumer du tabac, mais aussi des parents qui ne fument ni cigarette ni cannabis.
Pour ce qui est de la cigarette électronique, parfois accusée de favoriser le passage au tabac, l’OFDT rapporte “Les parents interrogés n’envisagent pas l’expérimentation (ou l’usage occasionnel) du vapotage de leur enfant comme un événement significatif. La e-cigarette (cigarette électronique) est toujours comparée à la cigarette, particulièrement par les parents fumeurs ou anciens fumeurs qui l’utilisent comme outil d’aide au sevrage“. Toutefois, il faut noter que l’enquête Aramis 2 s’est déroulée entre 2020 et 2021, ce qui signifie que la situation a pu évoluer au fil des ans.
Les résultats de l’enquête montrent que, quand leur ado fume, le tabac génère des inquiétudes sur les conséquences à long terme du fait des nombreuses maladies que développent les fumeurs et fumeuses, alors que le cannabis génère des inquiétudes sur les conséquences à court terme, comme la baisse des résultats scolaires ou encore les ennuis judiciaires. Pourtant, le fait qu’un ado fume, que ce soit du cannabis ou non, a des répercussions sur le court terme (comme un besoin d’argent), mais aussi sur sa santé sur le long terme. Certains parents vont jusqu’à tolérer le cannabis tant que les notes à l’école ne chutent pas, en dépit des risques pour la santé de leur enfant.
Le contrôle parental pour un ado qui fume
Pour ce qui est du contrôle parental, celui-ci est plus strict chez les filles que chez les garçons et intervient plus tôt chez ces premières que chez les derniers. Selon l’OFDT, la différence du contrôle parental en fonction du genre est également visible chez les parents. Les pères ont tendance à avoir une attitude plus laxiste, tandis que les mères vont davantage essayer d’agir si leur ado fume.
La diversité des stratégies de contrôle parental est importante, allant de techniques intrusives aux punitions, en passant par le dialogue ou la négociation. On note des disparités en fonction des milieux ainsi que de la propre expérience des parents. Les milieux aisés vont avoir tendance à recommander à leur ado qui fume de se tourner vers des professionnels de la santé afin d’être épaulé dans leur sevrage, qu’il s’agisse d’un sevrage tabagique ou cannabique.
Le rapport de l’OFDT explique les résultats de l’enquête et y regroupe de nombreux témoignages de parents, parfois complètement dépassés par le fait que leur enfant fume. Toutefois, il ne comporte pas de guide sur les méthodes à adopter, ce que nous allons voir dans le point suivant.
Que faire si mon ado fume ?
Si vous découvrez que votre enfant fume, cela peut être un choc pour vous, d’autant plus si vous ne fumez pas vous-même. Il est difficile d’adopter les bons gestes et d’employer les bonnes paroles, surtout en cas de confrontation directe qui dégénère. Cependant, il existe des techniques qui peuvent aider à aborder le sujet et cela que votre ado fume ou non. En effet, la prévention est un élément phare ! La Fondation Cancer donne de très conseils si vous êtes un parent dont l’enfant fume.
La clef quand on a un ado qui fume : le combo communication - prévention - écoute.
La communication est essentielle, car sans elle il est impossible d’avancer. Parler en tête à tête, de préférence avec les deux parents (qui se sont mis auparavant d’accord sur le discours à tenir), va aider à libérer la parole de l’ado sur les raisons qui l’ont poussé à adopter un tel comportement. Faire de la prévention, en expliquant par exemple les risques pour la santé, mais également le mécanisme de l’addiction. Un ado se sent moins concerné par un potentiel cancer dans 20 ans que par le fait que sa consommation, qu’il pense maîtriser au début, peut partir en roue libre et lui coûter très cher financièrement parlant.
Si vous même vous fumez, expliquez-lui les difficultés que vous rencontrez et les situations qui vous gâchent la vie à cause de votre tabagisme, comme le fait de faire des kilomètres un dimanche pour chercher un tabac ouvert ou encore les conséquences concrètes du tabac sur votre santé et sur votre apparence. Expliquez-lui que ce n’est pas parce que vous fumez qu’il faut qu’il tombe lui-même dans le piège du tabac !
Mon enfant fume : l’importance de l’écoute
L’écoute, en plus de la prévention et de la communication, est primordiale. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’addiction à la nicotine, voire au cannabis pour les ado qui fument des joints, n’est pas simple à résoudre. Les fumeurs et fumeuses n’arrêtent pas en un claquement de doigts malheureusement ! L’addiction à la nicotine est très puissante et interdire tout bonnement à votre ado de fumer ne l’aidera pas à s’en sortir. D’autant plus que les adolescents ont tendance à braver les interdits !
Écouter son ado qui fume permet de comprendre pourquoi il en est arrivé là. Des angoisses ou des problèmes à l’école peuvent expliquer ce choix, d’autant plus s’il s’agit de fumer du cannabis. Il est important d’arriver à les cerner de façon à apporter du soutien à votre enfant et l’aider non seulement à arrêter de fumer, mais aussi à régler les soucis qu’il rencontre.
La bienveillance est de rigueur, afin de ne pas se brouiller et obtenir les effets inverses de ceux escomptés. Des solutions existent pour proposer à votre enfant un accompagnement par des professionnels habitués à gérer ce genre de situation. Il existe par exemple Fil Santé Jeunes que vous pouvez joindre au 0800 235 236, mais également le 39 89 qui est le numéro de tabac info service. La prise de rendez-vous est également possible avec Consultations jeunes consommateurs (CJC), dont des centres existent dans presque tous les départements en France.
À titre préventif, vous pouvez aborder la question du tabac avec vos enfants dès un jeune âge. Tabac info service recommande de le faire dès 8 à 9 ans, de façon à les sensibiliser le plus tôt possible et leur faire comprendre que vous pouvez aborder le sujet à tout moment avec eux. Un point qui sera très utile lors de leur passage à l’adolescence !